Diokini, un village dont aucun engin roulant n’a foulé le sol

Article : Diokini, un village dont aucun engin roulant n’a foulé le sol
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9 mai 2017

Diokini, un village dont aucun engin roulant n’a foulé le sol

Diokini est un petit village perdu entre les montagnes dans la sous-préfecture de Hérico, préfecture de Lélouma en Guinée. Comme pour une insulte à la modernité, ce village d’environ 3000 âmes ne compte ni école, ni le moindre centre de soins sanitaire. Diokini est un endroit difficile d’accès qui manque de tout ou presque. Pour remédier à ce enclavement, les habitants se sont mobilisés pour tenter de créer une route.

Ainsi tous les dimanches, tout le monde est convié à la tache. Gars aux absents! Qui une pelle, qui une pioche, qui un marteau, une machette ou une hache ces hommes au moral d’acier font parler leurs muscles et leur détermination. Ceux d’entre eux qui ne peuvent pas  piocher ou manier la pelle, récipient sur la tête évacuent la terre et les fragments de roches produits par les premiers.

Pour mesurer l’ardeur de la tache, j’ai demandé à ce qu’on me passe une pioche que j’ai essayé de manier sans succès. Ces hommes n’ont d’ailleurs pas tardé à s’apercevoir que je n’étais pas un rompu en ces travaux. Puis j’ai tenté une pelle, encore un échec. Ils m’ont tout de même remercié d’avoir essayé avant de reprendre le matériel et de se remettre au travail. Leurs habits trempés de sueur pour ceux qui n’ont préférés le torse nu et la callosité des mains témoignent des efforts inestimables que fournissent ces villageois.

Fini le travail pour ce dimanche. Je me hasarde à aller m’imprégner de leur quotidien quand ce ne sont pas les dimanches.

Étonnant que cela paraisse, je découvre des habitations en dur. Je m’approche alors de mon ami et guide pour savoir comment les agrégats ont-ils été acheminés ? le sourire aux lèvres il me répond : « ici nous sommes solidaires, quand tu as la volonté et les moyens de construire une maison, tout le monde se mobilise pour t’aider à acheminer les agrégats. Les agrégats qui ont servi à construire ces maisons ont été transportés par nos têtes et ce sur des kilomètres».

Curiosité oblige, j’ai cherché à savoir par le biais de mon ami comment les gens se soignent ici ? avec le même sourire mon ami me répond que c’est pas du tout difficile : « nous transportons à l’aide d’un hamac tout malade incapable de se rendre par lui-même au centre de santé sous-préfectoral, nous faisons de même pour les femmes en phase d’accouchement». Ce centre de santé est situé à au moins dix kilomètres de Diokini. Dans ce village aucun enfant ne va à l’école. Traversé par des petits marigots, les céréales, les légumes et l’élevage prospèrent à Diokini. Revenons à notre projet de route, malgré le courage de ces hommes la nature leur a opposé un obstacle taille, un bloc de silex se dresser devant eux. Malheureusement aucune possibilité de contourner cet obstacle n’est envisageable au regard du caractère trop accidenté du terrain. Pendant ce temps, que font les autorités auxquelles de très nombreuses lettres ont été adressées ? A cette  question mon guide a coupé court comme si elle l’agaçait « ils sont venus une fois de la sous-préfecture nous voir à l’œuvre pendant quelques minutes et sont répartis, depuis, rien» m’a-t-il sèchement répondu.

 

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Commentaires

Kamano
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Merci pour cet article qui doit être partager pour le bien de Diokini

Kamano
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bon courage pour un début

Barry Mamadou Aliou
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C'est dommage que ces genres de village continue à exister au su et au vu des autorités.

Barry Mamadou Aliou
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C'est dommage que ces genres de village continue à exister au su et au vu des autorités. Merci pour ce brillant reportage.